L’Assurance maladie du programme ARCH au Bénin : conception, gouvernance et défis de pérennisation

Par Jacob Gnammou, N'Koué Emmanuel Sambieni, Marc Bourgeois
Français

Pour répondre aux enjeux d’inégalité d’accès aux soins et de consolidation d’une protection sociale intégrée, le Bénin est en train de concrétiser le volet « assurance maladie » du programme gouvernemental dénommé « ARCH ». La présente étude analyse sa conception, sa gouvernance et ses défis de pérennisation, s’appuyant sur des données législatives, des entretiens avec des acteurs clés et des rapports d’évaluation. Le dispositif se distingue par deux innovations : (1) un ciblage des vulnérabilités via le Registre Social Unique (RSU), et (2) un modèle contributif différencié (ticket modérateur de 0 à 50 % selon le niveau de pauvreté) combiné à des partenariats public-privé pour élargir la couverture, y compris aux travailleurs informels. Les résultats de terrain identifient des axes d’amélioration, dont notamment la méconnaissance des prestations couvertes par la plupart des bénéficiaires ruraux interrogés, ce qui montre un besoin de campagnes de communication adaptées. Le financement, encore largement dépendant de l’aide extérieure, doit être diversifié (taxes sanitaires, subventions ciblées) pour assurer la viabilité du dispositif face à son extension prévue. De ce fait, l’étude recommande un renforcement des capacités des acteurs locaux (municipalités, OSC) et une intégration optimisée des outils numériques (suivi en temps réel via le RSU) pour améliorer l’efficacité opérationnelle. Ces ajustements, alignés sur les objectifs de l’Agenda 2030, pourraient positionner l’ARCH comme un modèle reproductible de couverture santé inclusive en Afrique subsaharienne, combinant mutualisation des risques, équité et adaptation aux réalités des économies informelles.