La crise alimentaire vue d'en bas.

Par Jean-Pierre Olivier de Sardan
Français

Résumé

Les résultats des enquêtes menés par le LASDEL proposent une vision nouvelle de la crise alimentaire, très éloignée des clichés des médias. Ils mettent en particulier en évidence le rôle décisif des stratégies locales de « débrouille » et de survie : migrations, salariat agricole, « petits boulots », emprunts et « dépannages », vente de biens, modifications du régime alimentaire. Ces stratégies ont été plus décisives que les aides extérieures. L’inventaire de ces aides montre de nombreux malentendus et diverses frictions dans au moins trois domaines : les modalités des distributions (soupçons de favoritisme et confusion sur les critères), et leur usage (reventes) ; les conditionnalités, qui ont suscité au sein des populations des stratégies de « contournement » ; les rapports avec la malnutrition infantile (non liée directement à la « famine » et qui n’est pas perçue comme une « maladie »). Enfin, cette crise alimentaire laisse transparaître en filigrane ses « bénéficiaires ».