Rien de plus légitime que l’indignation suscitée par ces créanciers qui, en poursuivant en justice ou en réendettant les pays pauvres, leur confisquent le bénéfice des allègements de dette consentis par les riches pays créditeurs. En revanche, la réponse apportée par ces derniers semble bien vaine. Déterminer un plafond d’endettement supportable est une bonne idée, sauf qu’il ignore le coût social de la dette, qu’il est fixé sans les débiteurs et qu’il n’engage que quelques prêteurs. Promouvoir des pratiques de prêt responsable est une excellente idée, sauf que les donneurs de leçon du G8 sont peu crédibles dès lors qu’ils n’assument pas leurs propres torts, et ils sont lourds, dans l’endettement des pays du Sud. En réalité, les pays du G8 donnent l’impression de réagir systématiquement dans l’urgence, sans apprendre de leurs échecs, ni s’attaquer aux causes de l’endettement. Une solution durable au problème de la dette des pays du Sud devra passer, d’une part, par une annulation beaucoup plus large que les plans existants et par l’augmentation de l’aide sous forme de dons pour subvenir aux dépenses récurrentes, de justice ou de santé. D’autre part, on ne pourra continuer d’invoquer la responsabilité des emprunteurs et des prêteurs sans clarifier ses contours, par la mise en place de règles du jeu prévisibles, légitimes et qui s’imposent à tous.