Le propos de cet article est de présenter l’ambiguïté du mouvement de décentralisation engagé par l’Éthiopie à partir de 1991, sans pour autant sous-estimer la portée du changement promis par la réforme fédérale. Il s’agit de comprendre pourquoi les encadrements centralisateurs se maintiennent et comment ils se réadaptent à une nouvelle configuration ethno-fédérale. Nous observerons ainsi selon quels procédés, et avec quelle ingéniosité, les encadrements sociaux et/ou territoriaux peuvent évoluer sans heurts et servir les intérêts de politiques changeantes, notamment du fait d’une déconcentration de la fonction publique. À travers les questions de l’évolution des politiques publiques, du fonctionnement de la régionalisation et de la difficile émergence de pouvoirs locaux, nous observerons combien l’espace éthiopien demeure aujourd’hui encore très centralisé.