Électeurs, contribuables, partenaires : l'aide au développement face au public des pays riches

Dossier « Gouvernance, démocratie et opinion publique en Afrique »
Par Henri-Bernard Solignac Lecomte, Ida Mc Donnell
Français

Résumé

Faute d’opinions publiques suffisamment sensibilisées, la lutte pour le développement et contre la pauvreté dans le monde n’est pas un enjeu politique national dans les pays de l’OCDE. Les engagements pris par leurs gouvernements afin d’améliorer leurs politiques de coopération internationale pour le développement en sont d’autant plus fragiles. Pour y remédier, et aider la formation d’une base démocratique solide, il faut que les citoyens aient l’opportunité de participer à un véritable débat sur ces questions. Sensibiliser davantage l’opinion publique est donc un des défis essentiels de l’initiative mondiale pour les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). L’expérience des pays du Comité d’Aide au Développement (CAD) de l’OCDE en la matière fait émerger un certain nombre de « bonnes pratiques » : faire de la sensibilisation une priorité, définir une stratégie interministérielle, améliorer les données par la recherche et les sondages, travailler en partenariat avec les acteurs de la société civile et mobiliser des ressources financières et humaines adéquates. Pour beaucoup de bailleurs, la marge de progression est importante. Leurs ambitions renouvelées en matière d’efficacité de l’aide au développement leur donnent l’occasion d’expliquer – enfin – à leurs citoyens les enjeux qui s’y rattachent. À défaut, ils courent le risque de voir le scepticisme croissant des contribuables entamer le soutien, constant depuis des décennies mais fragile, qu’ils témoignent à l’égard des politiques de coopération internationale au développement. Pour les décideurs, c’est un risque, car la pression de l’opinion publique introduirait une contrainte nouvelle, celle de démontrer l’efficacité de ces politiques ; mais c’est aussi une opportunité, car cette pression peut précisément être l’aiguillon qui manque aux réformateurs pour renforcer significativement tant l’efficacité de l’aide publique au développement que la cohérence de l’ensemble des politiques publiques pour les OMD, et ainsi tenter d’atteindre ces Objectifs dans tous les pays pauvres.

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