Les déterminants du bien-être individuel en Afrique francophone : le poids des institutions

Dossier « Gouvernance, démocratie et opinion publique en Afrique »
Par Mireille Razafindrakoto, François Roubaud
Français

Résumé

Le bien-être subjectif fait aujourd’hui l’objet d’une littérature empirique de plus en plus abondante. Différentes catégories de facteurs (psychologiques, sociodémographiques et économiques) sont mises en avant pour expliquer le bien-être subjectif. Cependant, jusqu’à présent, les travaux sur ce thème portent essentiellement sur les pays développés. Par ailleurs, encore moins d’études se sont penchées sur les liens entre les facteurs institutionnels et le sentiment de bien-être. Cet article se propose d’évaluer dans quelle mesure les « faits stylisés » obtenus sur les pays développés, s’appliquent également dans les pays les plus pauvres. Sans négliger les autres facteurs, une attention particulière est accordée au rôle de la gouvernance et des institutions (économiques et politiques) sur le bien-être subjectif. Les données mobilisées proviennent des modules thématiques des enquêtes 1-2-3, un riche corpus d’enquêtes comparables menées auprès des ménages dans huit pays d’Afrique sub-saharienne. Bien qu’exploratoires, les analyses mettent en lumière trois types de résultats. En premier lieu, même si les pays africains se distinguent par quelques spécificités – comme l’impact positif de l’insertion dans l’informel sur le bien-être – on retrouve les effets de variables classiques comme le revenu ou l’éducation. En deuxième lieu, différents mécanismes à travers lesquels les institutions influent sur le bien-être sont identifiés. En plus des effets de la performance des institutions sur les conditions individuelles (en termes de revenu, d’éducation, d’emploi, de sécurité, etc.), la qualité des institutions peut engendrer des motifs de satisfaction intrinsèque. Enfin, l’analyse révèle un phénomène paradoxal : le niveau de confiance accordé au parlement est corrélé négativement avec le bien-être. Ce dernier résultat, significatif en particulier chez les quartiles les plus pauvres, peut s’interpréter par une attente plus forte des plus démunis à l’égard de la représentation démocratique, malgré ses dysfonctionnements.

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