Les quartiers pauvres contre la démocratie ? Le cas d'Antananarivo, Madagascar

Dossier « Gouvernance, démocratie et opinion publique en Afrique »
Par François Roubaud, Jean-Michel Wachsberger
Français

Résumé

À Madagascar, et tout particulièrement dans la capitale, Antananarivo, les citoyens font preuve d’un soutien marqué à la démocratie : adoption de ses principes, rejet des régimes autoritaires, etc. Les populations pauvres ne se distinguent en rien des autres couches sociales sur ce plan. Néanmoins, résider dans un quartier pauvre conduit à adopter des valeurs et attitudes de défiance vis-à-vis de la démocratie, qui ne sont pas susceptibles d’être expliquées par des effets de composition sociologique. Cette étude est basée sur des enquêtes représentatives de première main, tant au niveau national que de la capitale. Les effets de quartiers, qui apparaissent comme de véritables matrices de socialisation politique, sont mis à jour grâce à une exploitation originale du plan de sondage de l’enquête. Il s’agit à notre connaissance de la première étude quantitative faisant état d’un tel phénomène en Afrique. Nous proposons un certain nombre d’interprétations à cet état de fait, qui conduisent notamment à reconsidérer le rôle positif habituellement attribué dans la littérature à la participation associative comme facteur de renforcement démocratique. Ces résultats donnent de nouveaux arguments en faveur de politiques urbaines de mixité sociale.

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