Introduction thématique

Dossier « Sécurité et développement »
Conflit, sécurité et développement : un nouveau paradigme, mais pour quels usages ?
Par Jean-Bernard Véron
Français

Résumé

La nature des conflits a connu de profondes évolutions, des guerres « classiques » entre États, aux guerres qualifiées de révolutionnaires, en passant par les guerres de libération nationale et les conflits de la guerre froide. La dernière catégorie de cette typologie est celle des « nouvelles guerres », les guerres civiles, opposant dans un cadre national donné deux ou plusieurs factions, avec, dans certaines situations, des enchaînements conflictuels régionaux. Cet article s’intéresse à ce type de conflits et aux réponses que la communauté internationale tente d’y apporter. Cette catégorie de guerres est particulièrement fournie en Afrique sub-saharienne, mais est également présente en Asie (Sri-Lanka, Philippines, Népal, Birmanie), ainsi que sur le continent américain (Colombie, San Salvador, Nicaragua, Guatemala). Parmi les origines des nouvelles guerres, on citera les dysfonctionnements affectant l’État ou la société en question, mais aussi les causalités externes, telles que le legs colonial ou l’impact de l’insertion du pays en question dans le processus de mondialisation. L’aide des pays du Nord ne s’est toutefois que graduellement impliquée dans les situations conflictuelles. Ce repositionnement est motivé par le souhait de participer au traitement des « injustices » d’ordre économique et social mais aussi par l’ambition, plus récente, de remodeler les systèmes politiques au Sud selon les normes en vigueur dans les pays développés occidentaux (démocratie élective pour le choix des dirigeants, transparence dans l’exercice du pouvoir, introduction de libertés de tous ordres). Bien que cette ingénierie sociale et politique peine à produire ces effets, l’aide ne doit pas s’en détourner. Elle doit au contraire y attacher toute son attention mais sous la double réserve d’être consciente d’une part que les transpositions de modèles sont rarement efficaces et, d’autre part, que son champ d’action est une société donnée traversée par des rapports de force et qu’elle y est, nolens volens, un acteur impliquée dans lesdits rapports.

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