Cameroun :
Résumé
Etiré du Golfe de Guinée au lac Tchad, le Cameroun enregistre, depuis l’époque pré-coloniale, une multiplicité d’influences religieuses issues d’épisodes guerriers (djihad), de la circulation de commerçants et prédicateurs musulmans, de vagues missionnaires concurrentes, protestantes et catholiques. L’extrême diversité des appartenances religieuses témoigne aujourd’hui de l’appropriation différentielle par les sociétés locales de ces systèmes religieux à visée universaliste. La géographie des religions qui en découle dessine moins une fracture opposant un Nord-musulman à un Sud-animiste-chrétien qu’une mosaïque complexe où la confusion entre identité religieuse et identité ethno-régionale reste forte, dans les mobilisations comme dans les représentations sociales.
Artificiellement figée par des décennies de gouvernement autoritaire, cette géographie ethno-culturelle connaît toutefois une véritable explosion depuis les lois de libéralisation du début des années 1990. Les migrations, l’urbanisation, l’ouverture du pays aux courants prosélytes internationaux, les compétitions liées à l’instauration du multipartisme suscitent de puissantes recompositions au sein de la sphère religieuse, qui ne vont pas toujours sans tensions. Au total, la démultiplication de l’offre cultuelle et l’éclatement des frontières géoreligieuses internes témoignent à la fois de l’ampleur du changement social au Cameroun et du branchement de ce pays sur les grands courants géopolitiques globaux.