L’Accord sur la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger de 2015, est-il encore pertinent ?

Controverse
Par Nicolas Normand
Français

L’Accord d’Alger signé en 2015 entre le gouvernement malien et deux coalitions de groupes armés du nord du pays vise principalement à changer l’architecture institutionnelle du Mali et à intégrer les ex-combattants dans l’armée ou l’administration ou à les aider à s’insérer socialement et économiquement. L’Accord n’a presque pas été mis en œuvre en raison d’une forte défiance entre Bamako et les mouvements signataires, chacun estimant que l’autre ne joue pas le jeu. Les groupes armés auraient dû disparaitre par le désarmement et les élections, mais ceci ne s’est pas produit. Quatre éléments expliquent le non-désarmement : les conflits entre les mouvements signataires, leur propre protection contre les djihadistes de l’EIGS, la défense contre les velléités de reconquête du gouvernement et enfin le lien établi entre le désarmement et les avancées des réformes institutionnelles. À terme, les risques de non-application de l’Accord sont la partition de fait, voire la reprise du conflit. À ce stade, les groupes armés contrôlent déjà le nord du pays. Sortir de cette impasse suppose de surmonter les ambiguïtés initiales. À défaut de pouvoir réécrire quelques articles de l’Accord qui pourraient mettre en cause le caractère unitaire du Mali, il serait possible de prendre des lois d’application rectifiant des points litigieux, avec l’accord des mouvements signataires. Le déblocage suppose enfin que les ex-rebelles touaregs et arabes, ethniquement minoritaires au nord du Mali, acceptent de renoncer aux armes au profit des règles électorales.

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